2 Gazomètres 2150 m³ – Valladolid Espagne
Afin de réduire les problèmes d’intermittence des ENR, le projet VGV propose de stocker sous forme de méthane les excédents électriques pour réinjecter l’énergie lors des pointes. Une solution étudiée en Allemagne en synergie avec la méthanisation.
Energies | 15 mai 2013 | Actu-Environnement.com
L’intermittence reste l’un des principaux talons d’Achille des énergies renouvelables. Mais pour le professeur Robert Bell du Brooklyn College de New-York et l’eurodéputée Corinne Lepage, l’argument ne tient pas si l’on met en place un système de stockage de l’énergie excédentaire performant et souple. Leur solution ? Le système volt gaz volt (VGV) qui vise à stocker l’énergie excédentaire sur le réseau gazier en convertissant l’électricité en méthane (CH4). Ce système « répond à une double logique économique par la lutte contre les déperditions électriques et l’utilisation du captage de CO2« , expliquent les deux défenseurs du projet.
Cette prise de position de l’ancienne ministre de l’Ecologie intervient alors que la France débat de sa transition énergétique. En mettant l’accent sur le méthane en tant que vecteur énergétique, l’option VGV fait écho au scénario négaWatt qui propose de réduire la part de l’électricité au profit du gaz. Un scénario qui, selon les experts chargés de les analyser dans le cadre du débat, figure parmi ceux proposant une trajectoire basse consommation permettant d’atteindre les objectifs du paquet climat énergie et le Facteur 4.
Le principe du VGV s’inspire d’un modèle développé en Allemagne avec un pilote d’une puissance de 25 kilowatts (kW) et un démonstrateur à l’échelle industrielle de 6,3 mégawatts (MW) qui devrait être opérationnel en juin 2013. Le démonstrateur industriel est soutenu par Alsthom et Schneider Electric, des industriels français qui ont pris une participation significative, faisant d’eux le deuxième actionnaire après Audi le porteur du projet.
Tirer profit du CO2 issu de la méthanisation
Concrètement, l’électricité excédentaire est convertie en dihydrogène (H2) et oxygène (O) par catalyse de l’eau comme c’est le cas avec certains systèmes de stockage énergétique sur site, à l’image de la plateforme Myrte développée à Vignola en Corse. Cependant, plutôt que de stocker l’hydrogène avant de le reconvertir en électricité via une pile à combustible, le projet VGV propose de le transformer en méthane et de l’injecter dans le réseau gazier. VGV est aussi une alternative à l’injection directe de l’hydrogène dans le réseau qui, si elle est possible, resterait limitée à une concentration d’H2 inférieure à 20%. D’un point de vue technique, la transformation de l’hydrogène en méthane est bien maîtrisée grâce à des procédés catalytiques basés sur la réaction de Sabatier qui utilise du CO2 et rejette de l’eau.
Les bénéfices seraient multiples, selon les promoteurs. En premier lieu, le stockage du méthane via le réseau ne nécessiterait pas de création de nouvelle structure de stockage dédiée. De même le réseau permet de valoriser cette réserve énergétique sous forme électrique pour répondre à l’intermittence et à la pointe électrique (par le biais des centrales au gaz) ou directement chez les utilisateurs de gaz pour leurs besoins. Pour Corinne Lepage et le professeur Bell, avec un réseau gazier permettant de répondre à une consommation de 110 térawattheures (TWh) et une production électrique de l’ordre de 540 TWh, la France dispose des outils pour gérer l’intermittence engendrée par la substitution d’un tiers sa production nucléaire par des renouvelables.
Autre bénéfice avancé, le procédé permet de valoriser le CO2 émis par diverses sources. En Allemagne, le dioxyde de carbone provient du biogaz produit par les installations de méthanisation. L’avantage est double puisque le méthaniseur bénéficie d’une valorisation du CO2 produit et offre un accès au réseau gazier. Les promoteurs allemands évaluent entre 20 et 40 TWh le potentiel de production de méthane qui pourrait ainsi être produit en utilisant le CO2 extrait des quelques 7.500 sites de production de biogaz outre-rhin.
Planifier les investissements sur 30 ans
Reste qu’actuellement, les coûts du VGV s’élèvent à environ 250 euros par MWh de gaz produit. Cependant, le pilote industriel allemand entend les faire chuter à 80 euros par MWh en 2018. Des coûts contrebalancés en partie par l’absence d’investissements supplémentaires dans le réseau électrique, voire dans un éventuel réseau hydrogène, avance Corinne Lepage. De même, cette solution permettrait de réduire les importations de gaz naturel sans pour autant recourir aux gaz non conventionnels, plaide la députée européenne.
Pour financer ce projet Corinne Lepage propose tout d’abord de tirer partie de la production nucléaire en période de faible demande. La conversion en méthane de cette énergie, aujourd’hui « perdue », permettrait d’amorcer le lancement des infrastructures VGV. Il s’agit d’« utiliser le nucléaire pour subventionner la sortie du nucléaire », proposent les défenseurs du VGV précisant qu’« une fois les installations VGV en grande partie amortie, la source d’énergie serait éolienne et solaire, sans nucléaire ».
Autre option avancée, le financement par un « fonds de régénération intergénérationnel ». Ce fonds, associé à un plan de développement industriel, gérerait des sommes investies sur une longue période. Le blocage sur 30 ans des sommes versées permettrait d’assurer la pérennité du financement de la transition énergétique « dans une démarche trans-générationnelle ». Les producteurs pétroliers et gaziers seraient mis à contribution par réaffectations d’une partie des subventions publiques aux énergies fossiles dont ils bénéficient actuellement. S’appuyant sur une évaluation de la Cour des Comptes, les défenseurs du projet VGV suggèrent de réallouer au minimum un milliard d’euros par an sur les 19 milliards d’euros de subvention. De même, une partie des fonds collectés dans le cadre d’une éventuelle taxe carbone pourrait abonder le fonds de régénération intergénérationnel. Et de rappeler que le rapport Juppé-Rocard a estimé entre 8 et 10 milliards les recettes d’une taxe carbone appliquée à la France. Enfin, les particuliers pourraient investir dans le fonds, à condition de modifier certains aspects fiscaux. Etant donné la longue période d’investissement et l’impossibilité d’en sortir rapidement, Corinne Lepage suggère d’exonérer de droit de succession les sommes versées. Elle estime que la transmission du capital et des intérêts se ferait ainsi de façon particulièrement attractive.
Cette prise de position de l’ancienne ministre de l’Ecologie intervient alors que la France débat de sa transition énergétique. En mettant l’accent sur le méthane en tant que vecteur énergétique, l’option VGV fait écho au scénario négaWatt qui propose de réduire la part de l’électricité au profit du gaz. Un scénario qui, selon les experts chargés de les analyser dans le cadre du débat, figure parmi ceux proposant une trajectoire basse consommation permettant d’atteindre les objectifs du paquet climat énergie et le Facteur 4.
Le principe du VGV s’inspire d’un modèle développé en Allemagne avec un pilote d’une puissance de 25 kilowatts (kW) et un démonstrateur à l’échelle industrielle de 6,3 mégawatts (MW) qui devrait être opérationnel en juin 2013. Le démonstrateur industriel est soutenu par Alsthom et Schneider Electric, des industriels français qui ont pris une participation significative, faisant d’eux le deuxième actionnaire après Audi le porteur du projet.
Tirer profit du CO2 issu de la méthanisation
Concrètement, l’électricité excédentaire est convertie en dihydrogène (H2) et oxygène (O) par catalyse de l’eau comme c’est le cas avec certains systèmes de stockage énergétique sur site, à l’image de la plateforme Myrte développée à Vignola en Corse. Cependant, plutôt que de stocker l’hydrogène avant de le reconvertir en électricité via une pile à combustible, le projet VGV propose de le transformer en méthane et de l’injecter dans le réseau gazier. VGV est aussi une alternative à l’injection directe de l’hydrogène dans le réseau qui, si elle est possible, resterait limitée à une concentration d’H2 inférieure à 20%. D’un point de vue technique, la transformation de l’hydrogène en méthane est bien maîtrisée grâce à des procédés catalytiques basés sur la réaction de Sabatier qui utilise du CO2 et rejette de l’eau.
Les bénéfices seraient multiples, selon les promoteurs. En premier lieu, le stockage du méthane via le réseau ne nécessiterait pas de création de nouvelle structure de stockage dédiée. De même le réseau permet de valoriser cette réserve énergétique sous forme électrique pour répondre à l’intermittence et à la pointe électrique (par le biais des centrales au gaz) ou directement chez les utilisateurs de gaz pour leurs besoins. Pour Corinne Lepage et le professeur Bell, avec un réseau gazier permettant de répondre à une consommation de 110 térawattheures (TWh) et une production électrique de l’ordre de 540 TWh, la France dispose des outils pour gérer l’intermittence engendrée par la substitution d’un tiers sa production nucléaire par des renouvelables.
Autre bénéfice avancé, le procédé permet de valoriser le CO2 émis par diverses sources. En Allemagne, le dioxyde de carbone provient du biogaz produit par les installations de méthanisation. L’avantage est double puisque le méthaniseur bénéficie d’une valorisation du CO2 produit et offre un accès au réseau gazier. Les promoteurs allemands évaluent entre 20 et 40 TWh le potentiel de production de méthane qui pourrait ainsi être produit en utilisant le CO2 extrait des quelques 7.500 sites de production de biogaz outre-rhin.
Planifier les investissements sur 30 ans
Reste qu’actuellement, les coûts du VGV s’élèvent à environ 250 euros par MWh de gaz produit. Cependant, le pilote industriel allemand entend les faire chuter à 80 euros par MWh en 2018. Des coûts contrebalancés en partie par l’absence d’investissements supplémentaires dans le réseau électrique, voire dans un éventuel réseau hydrogène, avance Corinne Lepage. De même, cette solution permettrait de réduire les importations de gaz naturel sans pour autant recourir aux gaz non conventionnels, plaide la députée européenne.
Pour financer ce projet Corinne Lepage propose tout d’abord de tirer partie de la production nucléaire en période de faible demande. La conversion en méthane de cette énergie, aujourd’hui « perdue », permettrait d’amorcer le lancement des infrastructures VGV. Il s’agit d’« utiliser le nucléaire pour subventionner la sortie du nucléaire », proposent les défenseurs du VGV précisant qu’« une fois les installations VGV en grande partie amortie, la source d’énergie serait éolienne et solaire, sans nucléaire ».
Autre option avancée, le financement par un « fonds de régénération intergénérationnel ». Ce fonds, associé à un plan de développement industriel, gérerait des sommes investies sur une longue période. Le blocage sur 30 ans des sommes versées permettrait d’assurer la pérennité du financement de la transition énergétique « dans une démarche trans-générationnelle ». Les producteurs pétroliers et gaziers seraient mis à contribution par réaffectations d’une partie des subventions publiques aux énergies fossiles dont ils bénéficient actuellement. S’appuyant sur une évaluation de la Cour des Comptes, les défenseurs du projet VGV suggèrent de réallouer au minimum un milliard d’euros par an sur les 19 milliards d’euros de subvention. De même, une partie des fonds collectés dans le cadre d’une éventuelle taxe carbone pourrait abonder le fonds de régénération intergénérationnel. Et de rappeler que le rapport Juppé-Rocard a estimé entre 8 et 10 milliards les recettes d’une taxe carbone appliquée à la France. Enfin, les particuliers pourraient investir dans le fonds, à condition de modifier certains aspects fiscaux. Etant donné la longue période d’investissement et l’impossibilité d’en sortir rapidement, Corinne Lepage suggère d’exonérer de droit de succession les sommes versées. Elle estime que la transmission du capital et des intérêts se ferait ainsi de façon particulièrement attractive.
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Laurence Mermet
Collaboratrice groupe des élu-e-s Europe Ecologie au Conseil régional de Bretagne
Kenlabourer dilennidi Europa Ekologiezh Ar re C’hlas e kuzul rannvro Breizh