Les Echos n° 21461 du 20 Juin 2013 • page 6
Les propositions d’embauche dans l’économie verte sont en hausse de 75 %. La transition énergétique pourrait à terme générer entre 632.00 et 825.000 d’emplois.
C’est un bon début. Le nombre d’offres d’emplois proposés dans l’économie verte a crû de 75 % par rapport à mars 2012, signale la dernière édition du baromètre que la CGPME consacre à ce secteur depuis un an. Le cabinet Orientation Durable, qui a passé au crible 120 sites Internet d’annonces, recense 2.219 offres cumulées fin 2012. Sans réelle surprise, les énergies renouvelables (EnR) raflent la mise avec quelque 1.293 propositions. Ce qui n’en fait pas la filière la plus dynamique pour autant. Les propositions d’emploi, dans deux cas sur trois, correspondent à des profils de commerciaux dans les EnR où le nombre de postes de techniciens à pourvoir, en revanche, diminue. « Cela signifie que les entreprises pensent d’abord à assurer leur trésorerie. Qu’elles ne se placent pas dans une perspective d’investissement », décrypte Jean-Philippe Teboul, le directeur d’Orientation Durable.
Le secteur de l’efficacité énergétique (isolation des bâtiments, système de gestion et de contrôle des consommations) s’avère être le plus tonique. Le nombre des opportunités d’embauche y a plus que doublé sur la période, même s’il demeure modeste (575 offres d’emplois). Surtout, il demande nettement plus de professionnels de terrain (installateurs, thermiciens, etc.) que de vendeurs. Cette tendance devrait se poursuivre. Les pouvoirs publics ont balisé ce marché. Toutes les réglementations thermiques sont à jour et les entreprises opérant dans ce secteur, assurées d’y voir clair. Celles-ci peuvent tabler sur retour sur investissement bien plus rapide que celles intervenant dans les EnR.
Une loi de programmation au printemps 2014
Pour ces dernières, les règles du jeu n’ont cessé de bouger, notamment le tarif de rachat, et ne sont pas stabilisées. Autre différence « c’est un marché de long terme. Tout le monde est sûr que la parité réseau [quand les coûts de production de l’électricité d’origine conventionnelle et de celle issue d’EnR se rejoignent, NDLR], surviendra un jour. Mais personne ne sait très précisément quand », analyse l’expert d’Orientation Durable.
Les professionnels de la filière EnR attendent du débat national en cours sur la transition énergétique, qui doit se conclure le 18 juillet, pour être plus au clair. S’il déboucher effectivement sur une une refonte des dispositifs de soutien, ce sont, à échéance 2020, « entre 125.000 à 140.000 emplois supplémentaires que l’on devrait créer », indiquait hier Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER).
Selon deux études présentées par plusieurs des parties prenantes (ONG, collectivités locales, CFDT, PME) à ce débat, préliminaire à une loi de programmation sur l’énergie au printemps 2014, une transition énergétique réussie devrait se traduire par la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois. Les chercheurs du CNRS-Cired (Philippe Quirion) tablent sur 632.000 emplois d’ici à 2030. Les experts de l’Ademe et de l’ONG négaWatt avancent pour leur part une fourchette de 745.000 à 825.000 créations nettes à l’horizon 2050. Dans les deux cas, la plupart de ces emplois relèveront de la la rénovation thermique des bâtiments.