Faux experts et vrais lobbyistes se relaient depuis plus de quarante ans pour imposer une technologie qu’une majorité de Français-es rejette de façon constante. Or, nombre d’arguments avancés par le lobby nucléaire s’avèrent tout bonnement faux. Avec une étonnante facilité, ces contre-vérités ont fini par faire autorité faute d’être contestées à la hauteur de la manipulation.
Indépendance énergétique
Le nucléaire permettrait à notre pays d’être indépendant. Pourtant l’uranium est intégralement importé. Le pétrole raffiné en France peut-il être considéré comme une ressource hexagonale ? Non ! Mais pour les besoins de la cause, l’uranium importé du Niger ou du Canada devient par un coup de baguette idéologique une ressource française. Les Nigériens exploités par Areva apprécieront !
De plus, pour accroître la contribution du nucléaire au bilan énergétique national, la chaleur produite par les centrales électronucléaires est comptabilisée alors même qu’elle est dissipée sous forme de chaleur dans les cours d’eau et tours de refroidissement !
Selon l’association Global Chance, « un calcul en énergie finale, déduction faite des exportations d’électricité et de l’uranium importé, conduit à une indépendance énergétique française inférieure à 10 % en 2009, contre 30 % selon le même mode de calcul en 1973. »
Le nucléaire est une technologie sûre
Au lancement du programme nucléaire, le risque d’une catastrophe était estimé à un accident majeur tous les « un million d’années / réacteur ». Les 436 réacteurs en fonctionnement ont totalisé 14 000 années-réacteur… Cinq réacteurs ont pourtant vu leur coeur fondre avec l’émission massive de radioactivité dans l’environnement.
Force est donc de constater que l’occurrence d’un accident n’est pas de 1/1 000 000 mais de 5/14 000 ans. A la suite d’un audit parcellaire, l’Autorité de sûreté nucléaire a tout à la fois reconnu que nos centrales n’étaient pas suffisamment sûres mais qu’elles pouvaient continuer à fonctionner… Le président de l’ASN a même déclaré que « nul ne peut garantir qu’il n’y aura jamais d’accident nucléaire en France ». Dont acte !
Coût du nucléaire
La France aurait la chance de profiter d’une électricité moins chère. Les Français payent leur électricité 25 % moins cher… mais ils en consomment 1,4 fois plus en moyenne ! De plus, ce faible prix du kWh est acquis grâce à une externalisation massive d’un certain nombre de coûts. Les sommes allouées au lobby nucléaire par l’Etat français au titre de la « Recherche et Développement », les provisions envisagées pour le démantèlement des vieux réacteurs totalement sous-estimées, les montants nécessaires pour assurer la maintenance et le rafistolage des réacteurs vieillissants, le traitement éternel des déchets nucléaires (dont le coût du stockage de déchets nucléaires de Bure pourrait osciller entre 16 et 58 milliards d’euros, soit une différence d’à peine 42 Md€ ), sans évoquer le coût d’une catastrophe nucléaire sont quelques-uns de ces coûts que les générations futures devront supporter parce que le consommateur français des années 1980/2010 a souhaité gagner quelques dizaines d’euros par an sur sa facture !
Une énergie décarbonnée ?
Alors que le nucléaire produit à peine 3% de l’énergie finale consommée dans le monde, le nucléaire serait LA solution au dérèglement climatique. Un grand nombre d’études estiment pourtant que le bilan carbone d’un kWh nucléaire avoisine les 60g de CO2 (plus que l’éolien ou le photovoltaïque !). Même en multipliant par 5 la part du nucléaire dans la consommation mondiale d’énergie finale (ce qui reviendrait à prendre le risque de subir une catastrophe nucléaire tous les deux ou trois ans !), le problème du dérèglement climatique resterait entier puisque le nucléaire est « hors-jeu » pour 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En multipliant par 5 le nombre de réacteurs, les ressources d’uranium seraient épuisées en moins de 20 ans. Enfin, le nucléaire, technologie lourde et peu flexible, est particulièrement sensible aux aléas climatiques qui ne manqueront pas de se multiplier à l’avenir.
Sécheresses en été réduisant l’alimentation en eau pour le refroidissement des réacteurs, tempêtes en hiver… le nucléaire ne répondra pas à la menace climatique mais en sera sans doute l’une des premières victimes !
Des déchets recyclables ?
Par le passé, les déchets nucléaires ont été immergés en mer. Certains pensaient même les envoyer dans l’espace ou les déposer sournoisement sous la banquise… Avec une subtilité qui n’a d’égal que son cynisme, le lobby nucléaire espère pouvoir désormais les enfouir sous terre ou nous faire croire qu’ils seraient recyclés.
La fable entourant la « gestion » des déchets nucléaires est l’un des mensonges les mieux entretenus par ceux qui ne savent que faire, en définitive, de ces rebuts radioactifs. Dans les faits, le combustible usagé est dit « retraité » lorsque une toute petite partie des déchets est réutilisée sous forme de Mox, mélangée à de l’uranium « frais ». La technique dite du « retraitement » induit des rejets chimiques massifs tout en engendrant des déchets ultimes beaucoup plus radiotoxiques et l’accumulation de plutonium, matière première de la bombe atomique. A l’issue de ce processus shadokien, les déchets demeurent… des déchets hautement radioactifs ! Mais en évoquant un pseudo « recyclage », le lobby nucléaire règle, sémantiquement, un problème insoluble.
Une énergie pourvoyeuse d’emplois ?
A l’annonce d’une éventuelle sortie du nucléaire, le lobby nucléaire a fourbi ses armes en invoquant la suppression de 125 000 emplois directs. Areva a même évoqué 410 000 emplois, EDF un million… et un syndicat rassemblant les industries utilisant de l’énergie, deux millions. En réalité, le nucléaire emploie directement et indirectement environ 239 000 personnes en France. A titre de comparaison, l’Allemagne emploie directement près de 370 000 personnes pour le seul secteur des énergies renouvelables et environ 130 000 dans le secteur de la maîtrise de l’énergie et de l’efficacité énergétique. A la différence de nombreuses autres industries, le secteur des énergies vertes n’est pas délocalisable et tient compte des ressources de chaque territoire.